La cour des grands
J'ai vécu mon enfance dans la bulle de l'innocence.
Certes, elle était percée de questionnements sans sens sur l'existence,
L'essence de mon être, l'errance de mes pensées.
Certes parfois pour moi le mal-être était trop lourd,
Et quand il n'était pas là c'était le blues des mauvais jours.
Sans un bruit j'ai construit sans répit le mur de ma vie
Perdant à chaque brique un peu d'égo, un peu d'estime, un peu de souffle, un peu d'envie.
Mais quand on y pense rien n'avait trop d'importance,
J'avais encore le temps d'être patiente, de laisser vagabonder mes espérances.
Maintenant, la bulle se fissure, j'ai perdu l'armure de l'innocence.
À l'aube d'entrer dans la cour des grands, le temps s'agite et s'accélère.
Le temps passe vite, le temps n'a plus le temps.
Je dois hisser les voiles avant d'entrer dans la galère.
Mon esprit s'est ouvert à la culture, à l'actualité, à la misère, aux phénomènes de société.
Mais face à ces amers nouveautés, je pose un genou à terre.
Mes frêles épaules ne cessent de plier sous le poids de la maturité.